Jamel Saber

BRICS : alternative salvatrice pour la Tunisie ?

Les BRICS en quête d’un contre-pouvoir au G20

Les BRICS est un acronyme pour désigner un groupe de cinq pays fondateurs qui se réunissent depuis 2011 en sommets annuels : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (en anglais : Brazil, Russia, India, China, South Africa).

Lors du sommet de Fortaleza, au Brésil, en juillet 2014, les BRICS ont décidé la création d’une banque de développement, la « Nouvelle Banque de Développement » (NBD) basée à Shanghai, et d’un important fonds de réserve. Elle peut accorder des prêts pour financer des projets d’infrastructures, de santé, d’éducation, etc., dans les pays concernés et, à terme, dans d’autres émergents.

La « ndb » n’assortit pas ses prêts de conditions contraignantes comme le « FMI »

Point notable, elle n’assortit pas ses prêts de conditions contraignantes, comme c’est le cas du FMI, qui lui « exige des réformes structurelles et une ingérence politique intolérable en échange de son aide », a expliqué Anton Silouanov, le ministre des Finances russe. Cette option pourrait séduire nombre de pays émergents qui, comme l’Argentine, estiment que les conditions du FMI ont causé de sérieux dommages à leurs économies.

Au niveau de la politique internationale, de manière générale, les BRICS plaident pour une refondation des organisations internationales comme le Conseil de Sécurité de l’ONU, et les organisations de Bretton Woods (FMI, Banque mondiale) dans un sens qui reflète mieux l’émergence des nouvelles puissances, et le caractère multipolaire du monde au 21ème  siècle.

BRICS pour une refondation des organisations internationales : ONU-FMI-Bm

Quoique malheureusement le traitement infligé à leurs peuples par des pays comme la Russie, l’Inde ou la Chine montre la fragilité politique du club des émergents. Faute d’ériger un véritable État de droit, ils se réfugient dans la propagande ou la brutalité.

Au niveau économique, les BRICS veulent renforcer leur poids, et mieux faire avancer leurs points de vue dans les négociations économiques internationales notamment au G20, FMI et à l’OMC. Lors du sommet du 14 avril 2011 en Chine, ils ont insisté sur la nécessité de réformer le Système monétaire international, de réviser la composition des Droits de tirage spéciaux.

Brics pour plus de poids au : g20-fmi-Omc

Une dizaine de pays manifestent leur intérêt de rejoindre le club des grands pays émergents constitués par les BRICS. Cette intention trouve son origine dans les tensions générées par la guerre en Ukraine, et la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine. Mais les BRICS se heurtent à la réalité de leurs intérêts divergents.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, avait bien évoqué l’idée d’un « élargissement du forum à des pays comme l’Argentine ou le Pakistan. La Chine a invité le Kazakhstan, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Egypte, l’Indonésie, le Nigeria, le Sénégal, les Emirats arabes unis et la Thaïlande à rejoindre le dialogue BRICS ».

BRICS définira de nouveaux critères d’adhésion au bloc, et statuera sur l’admission de nouveaux membres éligibles d’ici fin 2023

L’Algérie, l’Argentine et l’Iran ont officiellement déposé ces derniers mois des demandes d’adhésion au groupe des BRICS. L’Arabie Saoudite, l’Egypte et la Turquie ont également exprimé leur intérêt pour une adhésion à la coalition regroupant cinq pays émergents, mais n’ont pas jusqu’ici déposé de demandes officielles.

Tout semble indiquer que le forum du G20, au sein duquel le poids des pays industrialisés est prépondérant, va être concurrencé par cette nouvelle enceinte des BRICS. La volonté de Vladimir Poutine, isolé sur la scène internationale, de contrer l’hégémonie occidentale, se heurte cependant à une dure réalité. Si les BRICS représentent 42 % de la population mondiale, 24 % du PIB et 16 % du commerce mondial, ils restent cependant un club hétéroclite aux ambitions divergentes.

En conclusion, la stratégie des Brics est de favoriser le co-développement, se fondant sur le respect du choix souverain du système politique et économique de chaque nation, tenant compte de son histoire et de son anthropologie culturelle.

Bientôt l’adoption d’une monnaie commune aux pays du BRICS  ?

Cette initiative des BRICS de créer une nouvelle monnaie, pourrait potentiellement changer la dynamique des relations économiques mondiales, et offrir une alternative au système monétaire actuel dominé par le dollar ($) américain et l’euro (€). Si ce projet se concrétise, cela pourrait avoir des répercussions significatives sur le commerce international et les politiques monétaires des pays membres des BRICS et au-delà.

En parallèle avec ses financement auprès du FMI, L’Égypte a officiellement rejoint la NDB des BRICS, comme État membre, selon une note publiée mercredi 22 mars 2023 sur le site de l’institution financière.

L’Egypte rejoint la « nbd » des BRICS

Le pays a obtenu le statut de membre le 20 février 2023, après avoir achevé les procédures nécessaires, et rejoint les cinq membres initiaux (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) plus le Bangladesh et les Émirats arabes unis (EAU).

La Tunisie en « blocage » décaissements des tranches de crédit autorisés auprès du FMI depuis 2019, a donc tout intérêt à suivre l’exemple de l’Algérie et l’Égypte, pour adhérer à la NBD, et donc varier ses ressources de financements auprès des BRICS. Même dans un souci de stratège politique, ceci pour faire monter les enchères auprès de ses bailleurs de fonds et ses partenaires étrangers.

La Tunisie en « blocage » auprès du « fmi » à ce jour

Au finale les BRICS serait ce alors une alternative salvatrice pour la Tunisie malgré un manque de courage politique évident (pour ne pas dire faiblesse) de nos gouvernants successifs depuis 2012 ?  En cause la lenteur de la mise en oeuvre à ce jour, des réformes structurelles financières et économico-sociales « douleureuses » donc impopulaire, présentées par l’État depuis 2015, pour stabiliser et relancer le pays.

Franchement j’en doute fort, sauf exception majeure – en rapport avec la stratégique géopolitologue internationale suite au nouvel ordre mondial en marche -, du moment que les facteurs intrinsèques à la Tunisie, dus à l’instabilité politique et les freins à l’essort socio-économiques persistent encore à ce jour. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

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