Le principal défi est de répondre aux espoirs légitimes des Tunisiens, pour améliorer leur niveau de vie
Le modèle de développement économique en Tunisie, qui avait atteint un « plafond de verre » avant la « révolution », est devenu obsolète et totalement inadapté aux enjeux intérieurs et à la nouvelle économie ou mondialisation, en cours de gestation suite à la rupture majeure induite par la Covid-19, véritable crise globale.
En mai 2016, le Fond Monétaire International (FMI) accordait à la Tunisie, un crédit de près de 2,9 milliards de dollars. Ceci pour accompagner le changement de son modèle de développement. Mais deux ans plus tard, les réformes structurelles visant à améliorer les perspectives de croissance et d’emploi, marquent le pas. Conséquence le FMI a gelé le reliquat de ses crédits, pour manque de crédibilité.
Pour Robert Blotevogel, représentant résident du FMI en Tunisie, le chômage et les inégalités régionales perdurent. L’inflation est à son plus haut niveau depuis une génération, et le rythme d’endettement s’est accéléré. L’ancien modèle économique a atteint ses limites. Ces dernières années ont montré qu’une croissance tirée par la consommation, et un secteur public démesuré, n’est pas une option viable sur le long terme.
Les principales difficultés de la Tunisie, aggravées récemment par la pandémie du Covid-19, telles que démontrées par l’analyse pays de L’ONU, peuvent se résumer comme suit:
(i) un modèle socio-économique non inclusif, résilient, durable et non suffisamment générateur d’emplois décents ; (ii) des mécanismes institutionnels et un cadre législatif peu performants et non opérationnels en raison d’une transition démocratique non complètement achevée ; (iii) la défiance de la population à l’égard d’un contrat social injuste et inique en raison de systèmes notamment de santé, d’éducation et de protection sociale de qualité insuffisante et auxquels les plus vulnérables n’ont pas accès de manière équitable ; (iv) une mauvaise gestion des ressources naturelles (particulièrement l’eau et les ressources aquatiques), et une résilience faible face aux crises et risques climatiques.
Chaque modèle de développement pose avant tout la question cruciale du rôle de l’Etat
Le principal défi est de répondre donc aux espoirs légitimes des Tunisiens, pour améliorer leur niveau de vie. Et de générer une croissance dont les dividendes sont partagés équitablement. L’effort de redressement des finances publiques, et de maîtrise de l’inflation, accompagné de réformes qui redynamisent les activités du secteur privé. Est le préalable à une croissance solide tirée par l’investissement et les exportations.
Mais il faut aussi accélérer la mise en place des réformes qui ont été engagées sur le système de sécurité sociale, la modernisation de la fonction publique, et les entreprises publiques. Toutes nécessitent une large concertation, si on veut qu’elles soient mises en œuvre dans les délais, tout en veillant à préserver l’équilibre social.
La « croissance solide » est tirée par l’investissement et les exportations
Sachant que chaque modèle de développement pose avant tout la question cruciale du rôle de l’Etat, celui-ci pouvant revêtir plusieurs qualificatifs, tantôt conciliables, tantôt antinomiques.
Dont un Etat stratège qui élabore les politiques publiques, et trace l’orientation à suivre. Les objectifs à atteindre, ainsi que les instruments à mettre en œuvre afin de les réaliser. Ceci après avoir consulté les forces vives de la nation, et tenu compte de l’opinion des partenaires sociaux. Ce rôle serait fondamental pour notre pays.
Mais aussi un Etat-arbitre de la vie économique et sociale, aussi bien à travers les choix stratégiques. Comme par exemple la politique de développement régional, celle de l’aménagement du territoire, l’investissement dans les projets d’infrastructures de base…
Impératif d’élaborer un document de travail, qui trace les orientations socio-économiques adéquates à LMT
Peut-il être aussi un Etat redistributeur des richesses, et des fruits de la croissance. À travers aussi bien la fiscalité, les transferts sociaux, la caisse de compensation en somme, surtaxer les riches et subventionner les pauvres. Tout est une question de dosage, de mesure et d’équité.
A ce propos, une répartition équitable des fruits de la croissance entre capital, management et travail doit être trouvée. Ceci pour favoriser l’inclusion et la paix sociales, conditions nécessaires pour impulser la croissance économique.
Il doit être surtout un Etat social, protecteur des plus démunis, victimes de l’exclusion et du libéralisme, autrefois appelé Etat-providence. Ce qualificatif est aujourd’hui incarné par les pays scandinaves, qui bénéficient des meilleurs niveaux de vie dans le monde.
La Tunisie dispose de tous les atouts pour devenir un « hub technologique international »
Pour bien se faire, il est impératif d’élaborer un document de travail, qui trace les orientations socio-économiques adéquates, afin de concrétiser les priorités susmentionnées et relever les défis futurs. Les orientations arrêtés pour la période à venir visent la reprise graduelle de l’activité économique et l’accélération du rythme de croissance dans les prochaines années, pour atteindre de paliers plus élevés, susceptibles de remédier radicalement aux problèmes de chômage, et de faire un saut qualitatif en matière de qualité de vie et de progrès social.
Ces orientations visent, essentiellement, la mise en place des fondements de bonne gouvernance, la consécration de la décentralisation, la participation citoyenne, le développement régional, la modernisation de la structure économique, la consolidation de la productivité et l’établissement d’un système d’innovation ainsi que l’approfondissement de l’intégration dans l’économie mondiale, la valorisation des capacités nationales. En plus de la formation d’un partenariat durable entre les secteurs public et privé (PPP), et la préservation de l’environnement.
la promotion des secteurs à forte valeur ajoutée basés sur l’innovation
Les 5 Axes de la stratégie de développement d’ici 2030 :
1/ Mise en œuvre d’une nouvelle génération de réformes économiques et sociales :
- Ancrage des fondements de la gouvernance, et l’amélioration du climat des affaires
- Restructuration de l’économie
- Approfondissement de l’intégration, et le développement du partenariat
- Développement du système de financement.
2/ Modernisation de l’infrastructure.
3/ Développement global, et équilibré entre les régions.
4/ Consolidation du développement humain et social.
5/ Promotion du développement durable, et gestion des ressources naturelles.
création davantage de
pôles technologiques pour attirer les investissements dans les secteurs innovants
Le modèle de développement ciblé, se fonde sur le développement des politiques sectorielles. Dans le sens de la promotion de la part des secteurs prometteurs, et à forte valeur ajoutée. Basés sur l’innovation dans la structure du produit intérieur brut, permettant l’intensification des créations d’emploi, et la promotion des exportations.
Dans ce contexte, les efforts seront intensifiés pour la création davantage de
pôles technologiques. Pour attirer les investissements dans les secteurs à fort
contenu technologique. Tels que les industries alimentaires, la biotechnologie,
les technologies de l’information. Et aussi des communications, les industries électroniques, du textile et de l’environnement, la santé et l’énergie
renouvelable.
La stabilité politique à long terme, est un préalable majeur pour réussir un nouveau modèle de développement
Les efforts se poursuivront, également, pour la réussite des programmes de mise à niveau, et de modernisation industrielle. En encourageant l’investissement innovateur, le développement technologique. Et aussi la consolidation des systèmes de qualité, et la modernisation de l’infrastructure. Afin de généraliser les pôles de développement, et les centres industriels, et technologiques dans toutes les régions.
Singapour petite île grande comme « Djerba la douce », sans aucunes ressources naturelles, est une référence pour ses choix de modèle de développement
Le développement du secteur des services constitue une grande priorité pour la prochaine période, vue le potentiel de ce secteur. Ce qui exige la nécessité d’accélérer la réhabilitation du secteur, la libéralisation des activités de service. Et le soutien des services prometteurs, dans les domaines des TIC, et de l’offshoring.
Ceci étant je considère, que pour mener à bien la mise en place de ce nouveau modèle de développement il faudrait : Surtout comme préalable la stabilité politique à long terme, la paix sociale retrouvée, l’efficience, et un financement adéquat que j’estime à 180 milliards dinars à MT.
le FMI applique la « Stratégie du choc » pour accorder des prêts conditionnés
Singapour mais pas que, petite île grande en surface comme « Djerba la douce », sans aucunes ressources naturelles, est une référence pour ses choix de modèle de développement. Et pour preuve en un demi siècle d’indépendance, le pays s’est hissé parmi l’élite internationale. Sa politique de « Démocratie autoritaire » était déterminante pour son ressort.
Au final je considère aussi qu’il faut saisir l’occasion du fait que, les Institutions Financières Internationales, le FMI en tête, appliquent sans surprise la « Stratégie du choc ». Et mettent à la disposition des pays membres des mécanismes de prêts (demande actuelle pour la Tunisie de 4 milliards USD) conditionnés, d’une extrême violence. Dans leur logique, il faut profiter des moments de crise, pour implémenter les politiques libérales les plus dures à accepter. Avec mes réserves en rapport surtout, avec l’équation fragile à maintenir toujours, celle de la paix sociale. Attention donc en retour, aux risques de soulèvements populaires.