Jamel Saber

Le terrorisme : Ultime acte de résistance à l’occupation ?

Être fier d’avoir été baptisé « terroriste » par mes ennemis occupants

La notion de Résistance doit d’abord être définie en s’appuyant sur trois critères discriminants :

– la volonté de nuire à un ennemi identifié, occupant ou au service de l’occupant, en agissant pour empêcher la réalisation de ses objectifs ;

– la conscience de résister – qui revêt des degrés et des formes diverses – expression volontaire d’un refus intransigeant ;

– un engagement dans l’action fondé sur la transgression d’un interdit et impliquant les risques d’une répression.

Le « terrorisme » ultime acte de résistance à la longue occupation

Lors de la Seconde guerre mondiale la France a été occupée par l’armée allemande, une occupation partielle de 1940 à 1942, puis totale jusqu’à la Libération, en 1944. Durant cette période, les membres de la Résistance ont lutté contre les Allemands et le régime de Vichy. Les nazis et leurs alliés français, qualifiaient les résistants de « terroristes » dans tous les moyens de propagande, affiches, journaux, radios qu’ils contrôlaient. La qualification péjorative avait pour but d’impressionner l’opinion.

La Résistance Interieur Française (RIF ou RFI ) étaient des combattants volontaires, ayant accepté une vie rude et les plus grands risques pour reconquérir la liberté. L’ennemi était une armée d’occupation qui exploitait leur pays et avait pour objectif d’aliéner définitivement son indépendance. Ils disposaient de plusieurs polices dont les responsables ne respectaient aucune règle de droit, et les dirigeants français qu’ils avaient installés avaient mis à leur disposition l’appareil de l’État augmenté d’une milice aux privilèges exorbitants.

Hitler occupant la France considérait les « RIF » de « terroristes »

Mais il est vrai qu’en dehors de toute légalité la Résistance avait fait usage de ses forces et de ses armes pour combattre l’ennemi et ses complices. Le plus célèbre de ces résistants est sans aucun doute Jean Moulin. Ancien préfet, il rencontre le général de Gaulle à Londres en 1941. Il est ensuite chargé d’unifier les différents mouvements de la résistance. Il parvient à créer le Conseil national de la résistance (CNR).

Pour comprendre les actions de résistance que l’occupant et Vichy qualifiaient de « terrorisme », il faut parler d’un débat fondamental qui s’établit au sein de la Résistance dès qu’elle eut accès à quelques armes, le problème connu sous le terme d’« action immédiate ».

En général l’occupant a pour but objectif d’obtenir la passivité de la population, et d’éliminer les organisations de la Résistance

Le terrorisme des nazis, de l’armée allemande et de leurs affiliés vichystes avait pour but objectif d’obtenir la passivité de la population, et d’éliminer les organisations de la Résistance.

Les résistants furent-ils des terroristes puisqu’ils combattaient dans l’illégalité ?

Lorsqu’une attaque survient, la question de sa désignation en tant que telle doit être soulevée. Par exemple, une « action terroriste » est-elle un acte de résistance entrant dans la lutte pour la libération d’un peuple, une action criminelle (même si elle est commise en haut lieu) ou le geste d’une personne ayant des problèmes de santé mentale ? Même si une attaque est qualifiée de terroriste par les autorités ou par d’autres instances, cette affirmation doit être questionnée.

Le droit international est complexe. Si l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté une série de résolutions et de conventions sur le terrorisme, elle ne s’est jamais accordée sur une définition précise. Les spécialistes, quant à eux, proposent des critères variés pour qualifier une attaque collective ou individuelle de « terroriste ». Il est donc conseillé aux médias d’attribuer la désignation d’actes de terrorisme à ceux qui les nomment ainsi plutôt que d’employer ce terme comme s’il possédait une signification autonome et universelle.

Le droit international est complexe sur la définition du terrorisme

Le terme « terrorisme » est né pour définir le type de gouvernement, décrit comme le « règne de la terreur », qui s’est imposé pendant la Révolution française, de septembre 1793 à juillet 1794. Le Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, comité ad hoc créé par l’Assemblée générale des Nations unies en 2003, a tenté d’apporter une définition dans un rapport présenté l’année suivante.

 À l’international c’est « deux poids et deux mesures » pour définir le terrorisme  !

En s’appuyant sur les textes existants, et notamment sur les conventions de Genève condamnant les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, ainsi que sur les 12 conventions internationales contre le terrorisme, il proposait de qualifier de terroriste « tout acte commis dans l’intention de provoquer la mort ou des blessures graves à des civils ou des non-combattants qui a pour objet, par sa nature ou son contexte, d’intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou à s’abstenir de le faire ». 

Le combat des RÉsistants armés n’était-il pas légitime bien qu’illégal par l’occupation ?

Cette proposition n’a toutefois pas été approuvée par les États-membres de l’ONU.Il n’en reste pas moins que ce qui définit le terrorisme dans cette perspective, c’est l’acte, la cible (des civils ou des non-combattants), la gravité de la violence par rapport à ce que la Déclaration universelle des droits de l’homme désigne comme « le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de tout individu de sa personne », et l’objectif poursuivi – et non la nature de l’auteur.

le terrorisme diffère d’un acte de résistance de libération nationale

Sur le plan théorique, le terrorisme diffère de la violence perpétrée dans le contexte d’une guerre tel que défini par les conventions de Genève, ou d’un acte de résistance de libération nationale.

Au niveau pratique, bien que notre attention se porte surtout sur des actes terroristes commis en dehors d’une guerre ou d’une lutte de résistance nationale, le terrorisme peut aussi émerger dans ces circonstances.

Nelson Mandela était qualifié de « terroriste » par le régime de l’apartheid et d’autres dirigeants dans le monde

L’utilisation du terme « terrorisme » dépend non seulement du choix des méthodes de lutte, de la cible et des objectifs, mais aussi du contexte politique. Par exemple, Nelson Mandela, considéré comme l’une des plus grandes personnalités du XXe siècle et premier président d’une Afrique du Sud non raciale, était qualifié de terroriste par le régime de l’apartheid et d’autres dirigeants dans le monde.

Aussi Les résistants algeriens de « l’Armée de libération nationale » (ALN) contre l’occupation française étaient considérés « terroristes »

Ces dernières années, des phénomènes comme l’extrémisme violent, la radicalisation et le radicalisme ont été associés au terme « terrorisme ». La question est donc très sensible, et les médias ne doivent pas tomber dans le piège de la politisation. Afin que les participants à la formation comprennent mieux l’utilisation de ces termes et le terrorisme en soi, il est conseillé au formateur de leur demander d’aborder l’histoire du terrorisme.

Ce phénomène a, par exemple et selon certains spécialistes, connu des « vagues » (les attaques perpétrées par des membres de l’extrême gauche ou de l’extrême droite dans les années 1960 ou 1980, ou le jihadisme qui a émergé dans les années 1980). En avoir connaissance permet d’élaborer une typologie d’actes souvent appelés terroristes en fonction de leurs motivations, de leurs objectifs, de leurs méthodes et des moyens utilisés.

Pareil pour La Résistance armée contemporaine En Palestine sous occupation depuis 80 ans

Dans ce contexte et en matière de terrorisme, le rôle des acteurs étatiques n’est pas toujours simple. Par exemple, lorsque des civils périssent sous un bombardement militaire, peut-on parler de terrorisme ? À cette question, certains répondent que les facteurs de nécessité et de proportionnalité sont à prendre en compte pour juger si l’acte a fait preuve d’imprécision et d’excès par rapport à l’objectif.

Et si l’action est considérée comme terroriste, la question se pose alors de savoir si les auteurs de cet acte et l’État impliqués méritent d’être désignés ainsi. Les moyens d’action influencent également la manière de désigner les violences. S’agit-il de terrorisme quand il y a torture, enlèvement, séquestration, meurtre, tuerie de masse, violence arbitraire ou aveugle, etc. ? Les mesures de lutte contre le terrorisme prises par un État sont parfois qualifiées de terroristes par ceux qui les contestent ou les subissent.

De même pour les résistants tunisiens « Fallega » sous occupation française étaient considérés « terroristes »

D’une manière générale, même si un grand nombre d’actions partagent les caractéristiques du terrorisme, elles ne constituent pas pour autant un phénomène en soi. Certaines actions s’inspirent des autres, d’autres font partie d’efforts et de campagnes coordonnés, mais il existe également des divergences majeures en termes d’acteurs, de motivations, de moyens, d’impacts, de financement, de réseaux, etc., à travers le monde et sur différentes périodes.

 le terme « terrorisme » via les médias est fréquemment instrumentalisé, surtout à des fins politiques et géopolitiques

Ce qui est certain, c’est que le terme « terrorisme » est fréquemment instrumentalisé, surtout à des fins politiques et géopolitiques, et que pour les journalistes, il est très difficile d’employer ce mot de manière neutre, au regard des enjeux que représentent ses usages, aussi variés que controversés.

 

Morale :  Un combattant patriote doit être Fière d’avoir été baptisé « terroriste » par ses ennemis occupants, ceci pour libérer sa Patrie.

 

 

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