Jamel Saber

Tunisie-FMI : Caisse Générale Compensations « ciblée » ?

Contrainte FMI ou pas, l’UGTT & certaines classes sociales, vont-elles accepter la « fin » de la CGC, sans réagir  ?

Le Fonds monétaire international (FMI) a appelé, depuis plusieurs années, la Tunisie à adopter des réformes économiques. Ceci pour réduire les déficits budgétaires chroniques, et une importante dette du secteur public. Notamment en réduisant les subventions de la « Caisse Générale de Compensation » (CGC). Et les transferts aux entreprises publiques, aussi sa masse salariale.

Selon une proposition du gouvernement au FMI, la Tunisie remplacera progressivement dans le cadre d’un plan global d’ajustement et de réformes, les subventions par un soutien direct et équitable aux nécessiteux. Ciblées via mandat postal, coupons d’achats ou autres.

Réduire les subventions de la CGC

Les dépenses de subvention de l’Etat, pour l’exercice 2021, sont estimées à 3,4 milliards de dinars, soit 8,3% du total des dépenses du budget de l’Etat. Et 2,8% du PIB, selon le projet de budget de l’Etat pour l’année 2021.

Ces dépenses sont réparties entre les subventions des hydrocarbures, et de l’électricité et le gaz (501 millions de dinars – MD), les produits de base (2,4 milliards de dinars), et le transport public (600 MD).

Quant aux besoins de financement nécessaires à l’équilibre du système des hydrocarbures et de l’électricité et du gaz en 2021, ils sont mobilisés selon les scénarios suivants : un prix du baril de pétrole « Brent » de 45 dollars, et un taux de change du dollar à 2,800 dinars.

Dépenses subvention CGC de l’Etat, pour 2021, estimées à 3,4 milliards dinars

En Tunisie, le système des subventions directes des produits de base (hydrocarbures et produits alimentaires) est né. Ceci par la création de la CGC (loi des finances n°65-1970 en date du 31 décembre 1970). À savoir que l’alternative des transferts directs a été appliquée dans plusieurs pays.

Selon ses rapports d’évaluation de l’économie tunisienne, le FMI suggère de réduire progressivement les subventions alimentaires, et énergétiques jusqu’à leur suppression. Et l’application du système des transferts directs aux nécessiteux. Selon le Fonds, ce sont les couches les plus riches de la population, qui bénéficient le plus des subventions alimentaires et énergétiques (88%).

Les plus riches bénéficient à 88% des subventions alimentaires et énergétiques CGC  !

Pour finir, une telle réforme de la CGC risque de faire perdre au système de subventions plusieurs de ses objectifs : réduction de l’inflation, renforcement de la compétitivité/prix des produits tunisiens (lait, pain, pâtes, couscous). Et aussi facilitation de l’accès à un apport nutritionnel pour l’ensemble de la population.

La question est :  Contrainte FMI ou pas, l’UGTT et certaines classes sociales, sans oublier les corrompus et spéculateurs, vont-elles accepter la « fin » de la CGC, sans réagir  ?

Wait and see donc.

 

 

 

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