La Tunisie compte 11 millions d’habitants en 2011, avec un taux d’accroissement naturel annuel de 1,2%. Sur le marché du travail, La population active a atteint 4,5 millions en Décembre 2011, dont un million de chômeurs (y compris 200 milles diplômés). Aussi le taux de chômage moyen national à ce jour est de 22,2 %, en nette dégradation 14% en 2008 . Ce taux est nettement plus élevé dans les régions intérieures de l’ouest, il atteint un niveau alarmant pour les diplômés chômeurs.
En effet, Gafsa occupe la première place avec 50 %, suivi par Kébili, Sidi Bouzid, Jendouba et Gabès. Et pour cause la croissance économique en Tunisie était fondamentalement faible et inéquitable, dans la mesure où l’économie n’a pas créé suffisamment d’emplois ni réussi à les maintenir en fin de compte. Ceci est du à un certain nombre de faiblesses structurelles au niveau du marché de l’emploi. Ceci explique en grande partie les soulèvements populaires dans ses régions depuis quelques années, et l’arrivée chaque année sur le marché de l’emploi de 80 milles nouveaux demandeurs de travail, auxquels s’ajoutent 120.000 abondons de scolarités et autres formations, et ceci ne fait qu’empirer la situation, et qu’en plus en 2011 le pays a connu une régression économique de -1,8%, le chômage a donc augmenté. Libres mais sans emplois, révolution oblige.
En comparaison avec d’autres pays pour le taux de chômage : Monaco et le Qatar de l’ordre de 0,5%, la CEE en moyenne 10%, USA 10%, la Tunisie est classée au rang de 170/200, le Zimbabwe dernier avec 95%. Ainsi le problème du chômage n’est pas une spécificité tunisienne mais tous les pays sont touchés. L’idéal est d’être comme Monaco avec Zéro chômeur, mais je pense que 3% serai réaliste pour notre pays.
En Tunisie les dépenses du budget de l’état pour l’année 2010 sont de 4.400 milliards soit 23%, ceci pour les ministères de : L’éducation nationale, l’enseignement supérieur, la formation professionnelle et de l’emploi. Aussi notre pays est classé en bonne place au rang de 15/200 pour les dépenses d’éducations et c’est une bonne chose en soit. C’est grâce à Bourguiba le visionnaire, qui depuis l’indépendance en 1956, a fait que l’éducation soit une priorité nationale. Néanmoins cette “ folle machine“ qu’est l’état, a dépensé depuis des décennies, des dizaines de milliers de milliards dans l’éducation nationale, mais à mauvais escient, et pour preuve le un million de chômeurs actuel, résultat d’une mauvaise politique nationale d’emploi. Aussi nous assistons à du gaspillage des ressources de l’état, car dépensé autant d’argent du contribuable, pour en faire des centaines de milliers de diplômés chômeurs, apporter de faux espoirs aux jeunes gens, c’est à la limite criminel.
Le pays est devenue une « usine à chômeurs », c’est un problème sérieux et endémique qui s’aggrave au fil des ans, et touche maintenant à la sûreté nationale. La société qui ne donne pas du travail à ses jeunes est une société suicidaire. L’explication des soulèvements populaires, sit-in, barrages de routes, désobéissances civiles, voire même des suicides de jeunes par immolation de feu ou autres actes de désespoirs, tous viennent de là. Aussi il y a lieu de savoir, et je rejoins Mr. Darghouth S. pour dire, que le chômage rencontre trois grands défis majeurs qu’il y’a lieu de relever si on désir s’attaquer sérieusement au problème :
1- Un niveau de croissance de notre économie de 8% au moins. La structure actuelle de notre économie n’arrive à générer que 16.000 postes d’emplois nouveaux par an et par chaque 1% de croissance annuelle, trop peu.
2- La qualité même de cette croissance devrait subir une transformation structurelle profonde, si on veut résorber le problème du chômage des diplômés d’universités. Aussi il faut une montée en valeur et en gamme technologique dans les secteurs existants et l’émergence de nouveaux secteurs à haute valeur ajoutée.
3- Améliorer en priorité la situation de l’emploi dans les régions intérieures du pays, avec au préalable l’amélioration des infrastructures de l’environnement : routes, zones industrielles et autres.
Pour relever ses défis et remédier à ce grand péril qu’est le chômage pour la construction de notre démocratie naissante, il faut la mise en œuvre d’une série de réformes qui viennent appuyer et compléter toutes les mesures et actions contenues dans le programme d’urgence du gouvernement, ses réformes sont comme suit :
1- Réorienter les programmes de développement de façon à se qu’ils servent en priorités à désenclaver les régions de l’intérieurs du pays, et rétablir l’équité. Développement des infrastructures économiques et sociales, avec l’intéressement des IDE et des nationaux pour s’implanter dans ses zones.
2- Lancer un programme visant à la promotion des systèmes d’innovation technologique en Tunisie, nécessaire pour permettre aux entreprises tunisiennes de monter en valeur ajoutée et en gamme.
3- Élargir l’espace d’intégration mondiale de l’économie tunisienne. Le projet d’accès au régime spécial avec l’Union Européenne, et même au-delà de l’Europe au USA…
4- Signer des accords des accords spéciaux de coopération et d’échanges avec les pays émergents : Chine, Inde, Malaisie, Brésil, Corée du Sud, Singapour, Taiwan.
5- Attirer les IDE avec de fortes valeurs ajoutées et de hautes technologies.
6- Accélérer l’exécution des réformes structurelles du secteur recherche -développement pour améliorer les résultats d’innovations technologiques et le nombre de brevets d’inventions, trop faible pour l’instant.
7- Renforcer les secteurs techniques et scientifiques à tous les échelons de l’enseignement. Réorienter l’enseignement, surtout supérieur, ainsi que les programmes de développement des compétences, de la réinsertion professionnelle et le recyclage des travailleurs vers les secteurs techniques et scientifiques, ceci pour répondre aux besoins d’une économie de plus en plus tournée vers la technologie et le savoir. Aussi de nouveaux programmes de coopération doivent être développés avec le secteur privé pour parvenir à une meilleure adéquation entre les contenus de l’enseignement et les besoins des entreprises.
8- Accroitre la flexibilité du marché du travail en assouplissant les règles et procédures actuellement trop rigides, qui régissent les modalités de recrutement et de licenciement, la mobilité du travail, la restructuration des entreprises, etc.
9- La bonne exécution de ces réformes exige des actions d’accompagnement qui touchent à l’amélioration générale de l’environnement des affaires, surtout en ce qui concerne la restructuration du secteur bancaire, la bonne gouvernance par la transparence, le respect des droits de propriété et des réglementations, le contrôle des pratiques de corruption, d’abus de confiance et de clientélisme…
10- Restructurer convenablement les ministères concernés, l’éducation nationale et autre pour comprimer les dépenses et les ramener sur 5 ans à 4% du PIB.
Pour conclure et pour sortir de ce problème grave et endémique aux racines profondes, mais qui n’est pas une fatalité, il faut que le lancement de telles réformes revête un caractère urgent, en concertation préalable avec tous les intéressés : gouvernants, syndicats centraux et régionaux du patronat et des travailleurs, la société civile et autres intervenants. Mais il faut avoir du courage pour dire aux gens, qu’il nous faudra de trois à cinq ans pour trouver des réponses durables à la question de l’emploi, mentir sera préjudiciable à la paix sociale dans pays .
Le chômage est un problème qui affecte l’ensemble de notre société, et pour cause c’est un facteur de déstabilisation sociale et politique qui pourrait avoir à court et moyen terme, des effets indésirables sur le processus de construction démocratique en cours en Tunisie. Les objectifs de la révolution n’ayant pas été réalisées, celle-ci continue et reste ouverte à une « contre révolution » fatale pour notre pays .