Jamel Saber

Une Tunisie apaisée :  » Ma facture »

A ce jour la situation socio-économique dans notre pays post révolution du 14 janvier 2011 est un tableau noir qui se présente comme suit:
* La dette publique du pays devrait se situer aux alentours de 45.9% du PIB. Le pays remboursera, dans le courant de cette année, une enveloppe de l’ordre de 4.089 milliards sous forme de service de la dette.
* Déficit budgétaire : risque de surchauffe avec un seuil de 6.6% soit 4.586 milliards.
* un recul de notre produit intérieur brut de 2,2%.
* le chômage a augmenté de plus de 30% soit environ 1 million de sans emplois, auquel s’ajoute 80.000 nouveaux demandeurs par an.
* l’inflation n’est pas loin d’atteindre une croissance record, dépassant 5%.
* l’investissement privé étranger est en chute libre de l’ordre de 25% avec des entreprises étrangères qui quittent le pays.
* Nos réserves de change ont baissé de près de 4.000 milliards, passant d’une couverture de 113 jours d’importations à 101 jours.
* Notre notation souveraine (celle qui mesure le degré de solvabilité du pays) a été dégradée à BBB-, avec une perspective négative, c’est-à-dire sous surveillance maximale dans la perspective d’un possible nouvel abaissement.
* Nos recettes en devises provenant surtout du tourisme ont chutées de plus de 33 %, mais aussi des exportations.
* Le nombre de citoyens vivants sous le seuil de pauvreté s’élève à 2,5 millions soit plus de 24 % de la population.
* Le nombre de citoyens vivants sans toits décents- mal logés- s’élève à 1 million.
* Sans compter d’autres indicateurs socioéconomiques tous au rouge, sans oublier la chute de la parité de change du Dinar tunisien vis-à-vis au Dollar américain et à l’Euro.
À lire les chiffres avancés, il est facile de déduire que nous traversons une période rendue difficile par de nombreux évènements, dont les plus cités par les analystes: la situation politique instable, puisque caractérisée par des institutions provisoires, la situation sécuritaire pas rassurante compte tenu des évènements observés ici et là, la situation sociale qui souffre d’un grand désordre, des grèves sauvages, des «sit-in», et du déni d’autorité, la situation géopolitique de nos voisins libyens jugée encore plus fragile que la nôtre, et celle de nos amis européens victimes du syndrome de la dette, d’une croissance en berne et d’une démographie déclinante. Cette énumération sélective brosse un tableau, a priori, inquiétant de notre présent, et incertain pour notre futur proche et lointain.Aussi dans un souci urgent de sauvetage de notre économie, d’un retour à une paix sociale perdue, et pour faire en sorte que la Tunisie soit apaisée, la “facture“ suivante de 155.000 milliards étalés sur 3 ans est nécessaire, répartie comme suit :
1- Un investissement d’environ 10.000 milliards pour “éradiquer“ la pauvreté en Tunisie qui concerne 2,5 millions de tunisiens- soit environ 650.000 familles- en leurs garantissant une rente de 4.000 dinars par an. Le budget 2012 prévoit une pension de 100 dinars par mois pour 235.000 familles .

2- Un investissement de 5.000 milliards pour améliorer les conditions de logements de 330.000 familles sans toits décents. Prévu 100 milliards dans le budget 2012 c’est déroutant .

3- Un investissement de 15.000 milliards pour créer du travail au 1 million de chômeurs en Tunisie ! Prévu seulement 520 milliards c’est insignifiant, et la honte est qu’Ennahdha avait par contre prévu 750 milliards pour indemniser les anciens détenus politiques c’est aberrant inacceptable .

4- Un investissement de 50.000 milliards pour le développement et la mise à niveau des zones régionales démunies en infrastructures et autres. Le budget 2012 à prévu 5.000 milliards .

5- Une enveloppe de 75.000 milliards servira à engager des programmes spécifiques de développements et d’investissements dans les différents secteurs (agriculture et pêche, équipement, transport, développement régional, tourisme…) au profit de l’essor économique dans toutes les régions du pays. Prévu 1.200 milliards seulement.
Le pire est que cette nouvelle loi du budget complémentaire 2012 repose essentiellement sur un ensemble d’hypothèses qui ont été adoptées par la commission des finances de la planification et du développement, à savoir un taux de croissance de 3,5%, un prix du baril de pétrole de 110 dollars au lieu de 100 dollars et un taux de change du dollar estimé à 1,5 dinar.
Pour le moins que je puisse dire, est que ce budget 2012 est “timide“, sans aucunes ambitions, il ne correspond nullement aux attentes du peuple tunisien, et pour cause il ne répond pas pleinement aux objectifs de la révolution. C’est un “remake“, un “copié- collé“ du temps de Zaba “relooké “pour la circonstance. Aussi à l’état actuel des choses et de sa conception il sera voué à l’échec pour rétablir durablement l’ordre, la sécurité et la visibilité en Tunisie.

Suivra bientôt un article en rapport avec mes opinions pour le financement de cette enveloppe d’investissements, et de la relance économique du pays afin de rétablir une parfaite cohésion nationale, ainsi que le progrès dans le pays avec une croissance à deux chiffres, j’espère, c’est un vœu que tous citoyens doit avoir, optimisme et réalisme oblige .

À quand le sursaut salvateur  ?

 

Quitter la version mobile