Le système financier tunisien comprend : la Banque Centrale de Tunisie (BCT) , 23 banques résidentes, 7 banques off-shore, 13 établissements financiers : dont 2 banques d’affaires, 8 établissements de leasing, 2 sociétés de factoring.
Le paysage financier comprend, également: L’Office National de Poste, le Conseil du Marché Financier, la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT), Tunisie Clearing, les sociétés d’investissement et les organismes de placement collectif en valeurs mobilières.
3 de ces banques « appartiennent » à l’État (majoritaire) : STB, BNA et BH*. Ces 3 banques étatiques dominent, à tort le système bancaire et gèrent plus de la moitié des parts du marché, bien sûr cela impacte négativement sur la croissance économique dû au fait, que l’État contrôle le marché.
Les banques résidentes détiennent plus de 90 % des crédits, des actifs et des dépôts de l’ensemble des établissements financiers.
Le secteur financier non bancaire est « petit », et ne représente que 10 % de tout l’actif du système financier. La Tunisie compte un secteur des assurances (environ 2 %). Les marchés des actions et des obligations sont encore relativement modestes avec une capitalisation égale à 24 % du PIB.
Les fonds de participation demeurent de petite taille. Et le secteur du crédit-bail (leasing), comptant 9 institutions, représentait que 15,5 % de la formation brute du capital privé fixe (en 2010).
Sachant que Le secteur financier est une composante critique de l’économie, et de sa capacité à créer des emplois.
Son bon fonctionnement est un facteur clé dans la détermination de l’état de santé du reste de l’économie. Malheureusement c’est pas le cas aujourd’hui en Tunisie.
D’autant plus avec un refinancement du secteur bancaire, puisqu’il est de 17 milliards de dinars en avril 2019.
Selon les récents rapports concordants des instances financières internationales et nationales : BM, FMI, BCE, BERD,Standard § Poor, FSAP*, et autres institutions de notations. Le secteur financier en Tunisie souffre de dysfonctionnements structurels profonds. Et se trouve dans l’incapacité de canaliser les ressources, vers les activités et les projets les plus productifs.
Le secteur financier étant de « petite taille », le système bancaire se heurte à des difficultés considérables, en raison de la sous-capitalisation avec un Capital (K) obsolète, seulement 50 millions dinars (MDT).
Mais aussi la mauvaise qualité des actifs, un manque de liquidité très contraignant (financement via BCT de 17 milliards dinars), et l’insuffisance des provisions constituées pour couvrir le risque de défaut.
Conjuguées à une mauvaise gouvernance voire malversations pour certaines banques.
Mais aussi une déficience en matière de supervision; et de contrôle du système par la BCT, ainsi qu’une dégradation de l’environnement économique.
Ces faiblesses se sont amplifiées depuis 2011 à ce jour, avec dernièrement le facteur aggravant du Covid-19.
Pour y remédier à cette dangereuse situation de gouffre financier, qui a déjà causé la pré-faillite de quelques banques tunisiennes, voire plus grave le risque de cessation de payement de l’État. Mais surtout pour booster notre économie avec un nouveau modèle de développement efficace et porteur d’emplois.
Je considère que les actions suivantes à Court et Moyen Terme (CMT), sont nécessaires après concertations avec tous les intervenants dans ce secteur :
1 / Réduire le nombre des banques de la place.
- Que 7 Grandes banques Solides suffisent largement : 5 banques commerciales privées, avec un « K » de 200 MDT chacune.
- 1 seule banque Étatique avec un « K » de 300 MDT, et 1 Big Banque de Développement-Export offshore d’un « K » de 500 MDT.
- Ceci en passant par la : fusion, recapitalisation et privatisation (vente après amélioration ou vente directe).
- Pour y parvenir, les autorités tunisiennes pourraient pousser au regroupement et obtenir le soutien de donateurs étrangers, comme dans les pays voisins .
2 / La BVMT de Tunis, doit booster son action pour instituer les bases d’un marché financier potentiellement apte.
- À optimiser donc le financement de l’économie tunisienne, ceci pour passer de 24 % actuel, à 60% voire plus (90% dans certains pays).
- Ceci avec entre autres, avec plus de sociétés cotées en bourse.
3 / Les sociétés de Leasing, Assurances, Factoring doivent se développer, pour participer à hauteur de 15-20%, du financement de l’économie nationale.
4 / Les sociétés de participation au Capital-risque investissement, doivent passer à 10% du PIB au moins, pour le financement des PME, Start Up et autres.
- À libérer donc le potentiel du capital-risque en Tunisie.
- Ceci aidera les entreprises à satisfaire leurs besoins en fonds propres, pendant les différentes périodes critiques, par lesquelles elles passent (démarrage, développement, rachat).
- Sachant que cette participation est obsolète : que 2,1 milliards dinars, les montants investis les 7 dernières années.
5 / La « Caisse des Dépôts et Consignations » (CDC), crée en septembre 2011, avec son total actif actuel de 8,215 milliards dinars. Son action à ce jour est obsolète aussi.
- Elle doit donc booster sa participation, ceci pour financer les PME, Start Up, le développement régional, les projets en rapport avec l’énergie environnement et développement durable.
- Mais aussi à l’investissement forestier, au développement urbain, l’innovation, et aux investissements sur les marchés financiers (FCP* actions, Actions cotées, et du Marché obligataire).
- Surtout apporter des capitaux à moyen et long termes pour les projets lourds d’investissement productifs.
6 / Booster les Investissements directs étrangers (IDE), pour passer de 2,7 milliards (en 2019), et atteindre les 10 milliards dinars à MT.
- Ceci avec une Diplomatie économique plus active, voire agressive et performante, mais pas que.
7 / L’investissement dans des pays étrangers financé par les FCPR*, pourrait offrir de nouvelles opportunités pour la Tunisie.
- Le gouvernement pourrait immédiatement autoriser les FCPR*, à bénéficier du régime commun, qui permet aux sociétés tunisiennes, dans certaines conditions, d’investir à l’étranger.
- Accorder aussi aux responsables des FCPR*, la possibilité de puiser dans des « Fonds d’assistance technique » (FAT), ceci pour aider les entreprises dans leurs efforts visant le développement.
8 / Le gouvernement doit aussi envisager l’établissement d’un fonds d’investissement souverain (« Fonds Inter-Générations »), qu’il gérera en tant que fonds privé, pour mobiliser des ressources privées, et soutenir les capitaux propres en Tunisie.
9 / La BCT* doit garder son acquit mérité d’indépendance, selon la loi de 2016-35.
- Et doit donc continuer à contrôler et veiller à la stricte application des circulaires aux banques de la place. Et surtout conformément aux normes internationales « Bâle II » et «Bâle III ».
- Ceci pour une meilleure régulation du marché bancaire, avec notamment sa circulaire aux banques et établissements financiers n° 2018-06, et les précédentes.
- Mais surtout sanctionner sévèrement, le non respect des normes prudentielles de sécurités financières.
- Pour éviter les risques divers, surtout de faillites bancaires, et assurer un climat d’affaires sain et performant .
10 / Encourager les banques de réseaux de la place, et surtout la naissance des banques en ligne (7 en France), ceci pour faire la concurrence et proposer des tarifs prestataires plus compétitifs.
Au final, améliorer la performance du secteur financier, peut avoir des implications significatives sur la croissance, et la création d’emplois à travers l’économie.
Des réformes plus profondes du secteur qui donneraient lieu à la hausse de la part du crédit dans le PIB des 70 % actuels, à son niveau potentiel de 80 à 90 %.
Qui pourraient générer 10 milliards US$ supplémentaires en crédits additionnels. Qui seraient injectés dans l’économie sur les 10 ans à venir pour financer l’investissement privé.
Une telle augmentation de l’investissement correspond à près de 380.000 emplois supplémentaires.
Ces réformes ambitieuses préconisées seront « difficiles à mener », du-moins à court terme (CT). Mais demeurent la seule solution pour stimuler le secteur financier tunisien, et ainsi contribuer à la croissance économique du pays, « Leviers » d’un nouveau modèle de développements.
Faute de quoi le pire est à craindre qu’à CT, surtout avec la courbe de croissance en « L » en post Covid-19 qui nous attends dés 2021.
Évidemment ceci n’est possible qu’avec des préalables : La volonté politique inébranlable. Engendrant la sécurité, la stabilité, l’ordre, la justice avec la loi égale pour tous. Mais aussi un bon climat des affaires, avec un code d’investissement et de travail adéquats, et une loi de PPP* appropriée.
Ceci dans un souci majeur de redonner confiance aux investisseurs tunisiens pour commencer, et étrangers ensuite qui suivront la vague, partout en Tunisie. Mais surtout en priorité pour redorer les 14 gouvernorats défavorisés depuis un demi siècle.
* Banque Mondiale (BM). Fond Monétaire international (FMI). Standard & Poor’s ( S&P ). La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD). Banque Centrale Européenne (BCE). FSAP ( Le Programme d’évaluation du secteur financier ). FCP (Fonds communs de placements). PPP ( Partenariat Public Privé). BCT ( Banque Centrale de Tunisie).
Logique et rationnelle
Mon essai de décembre 2020 et depuis rien de nouveau sous le soleil … sachant que pas de restructuration structurelle préalable du secteur financier en Tunisie … entre autres bancaire … oublier le présumé nouveau modèle de développement.