Dessalement eau de mer en Tunisie : Le dilemme !

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Utilisons l’eau potable avec parcimonie, car chaque goutte compte

Plusieurs techniques ont été et sont actuellement utilisées dans les usines du monde entier afin de purifier l’eau de mer. Le traitement principal consiste à faire la passer la concentration en sels de l’eau de 35 000 ppm (ou 35 g/l) à moins de 500 ppm (ou 0,5 g/l), seuil de potabilité généralement admis.

La quantité d’eau douce dans le monde représente moins de 3% du volume totale d’eau disponible

La tentation est grande de dessaler l’eau de mer pour disposer d’une eau douce utilisable pour les activités humaines, et surtout pour la boire. En effet, les eaux salines sont abondantes et accessibles : elles couvrent 75 % de la planète, représentent plus de 97 % du volume des eaux sur Terre, et 11 % de la population mondiale habite à moins de 10 kilomètres d’une eau saline.

les eaux salines sont abondantes et accessibles, elles couvrent 75 % de la planète

Actuellement, 100 millions de mètres cubes (m3) d’eau douce par dessalement sont produits dans le monde chaque jour, notamment utilisés pour les bateaux, industries et plateformes off-shore.

Les technologies de dessalement sont disponibles et utilisées depuis une cinquantaine d’années

Les technologies de dessalement sont disponibles et utilisées depuis une cinquantaine d’années dans des régions souffrant d’un stress hydrique. Elles peuvent parfois être indispensables car la seule solution pour un accès à l’eau potable des populations, mais parfois leur usage est plus discutable.

En 2020 près de 100 millions de m3/j (soit 100 milliards de litres) d’eau dessalée sont produits dans le monde

Techniquement on est donc capable de dessaler des eaux et le dessalement se développe. En 2020, près de 100 millions de mètres cubes (soit 100 milliards de litres) d’eau dessalée sont produits chaque jour dans le monde et le dessalement est en plein développement, avec un taux de croissance annuel moyen de 7,5 % depuis 2010.

Plus de 117 pays ont recours au dessalement de l’eau de mer

Plus de 117 pays ont recours au dessalement de l’eau de mer, pour obtenir de l’eau potable ou à des fins industrielles – et les pays du Moyen-Orient sont ceux qui l’utilisent le plus. Près de 100% de l’eau potable du Qatar provient d’usines de dessalement ; 90% au Koweït ; 96% aux Émirats arabes unis. L’Arabie saoudite compte plus de 33 stations de dessalement, ce qui représente 20 % de la production mondiale d’eau dessalée.

Le dessalement est énergivore et a de forts impacts environnementaux

Le dessalement contribue aux émissions de gaz à effets de serre, notamment par son utilisation d’énergie. Au total dans le monde, on estime que le dessalement par osmose inverse utilise 100 TWh d’énergie électrique et émettait 76 millions de tonnes de CO₂ en 2014, avec une prévision de 400 millions de Tonnes de CO₂ estimées pour 2050.

Le dessalement contribue aux émissions de gaz à effets de serre

La seule opération de séparation sel/eau, que ce soit par osmose inverse ou par distillation, nécessite une énergie théorique minimale de l’ordre de 1 kWh par mètre cube d’eau produite. À cela, il faut ajouter sur chaque site les énergies nécessaires pour l’approvisionnement en eau, la distribution de l’eau traitée et la diffusion des saumures qui dépendent de l’emplacement de l’installation, et l’énergie nécessaire pour prétraiter et reminéraliser l’eau, qui dépendent de la qualité de l’eau de mer.

la saumure peut provoquer des déséquilibres écologiques lorsqu’elle est rejetée dans les océans

L’un des principaux sous-produits du dessalement est la saumure, une eau très salée qui peut provoquer des déséquilibres écologiques lorsqu’elle est rejetée dans les océans. Ces rejets menacent la faune marine, en particulier les coraux, les algues et certaines espèces de mollusques. De plus, les métaux lourds et autres polluants présents dans ces rejets peuvent s’accumuler dans les organismes marins, affectant les chaînes alimentaires et, à terme, la biodiversité.

En Tunisie le dessalement offre une solution à court terme pour répondre à la sécheresse

En Tunisie face à l’augmentation constante de la demande en eau, résultant de la croissance démographique, de l’urbanisation et des pressions économiques, la Tunisie se retrouve confrontée à une situation de stress hydrique de plus en plus préoccupante. Ainsi face à la raréfaction des ressources en eau, le faible taux de remplissage des barrages et les épisodes de sècheresse de plus en plus fréquent, le dessalement de l’eau de mer semble offrir une solution à court terme pour répondre aux besoins des régions touchées par la sécheresse, et notamment où les barrages ont atteint un niveau de remplissage de 21,7 % au 1er octobre.

Près de 300 mille tunisiens n’ont pas ou plus d’accès à l’eau potable en 2022 (Ftdes)

Avec une part moyenne d’eau par habitant, estimée à 430 m3/an en Tunisie, selon les chiffres officiels, la Tunisie est un pays fortement exposé au stress hydrique. La crise de l’eau se fait sentir, désormais, à plusieurs niveaux (ressources disponibles, moyens de mobilisation, gestion et distribution). Près de 300 mille Tunisiens n’ont pas ou plus d’accès à l’eau potable en 2022, selon le « Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux » (Ftdes).

La station de dessalement de Djerba est entrée en exploitation en mai 2018

Actuellement, la Tunisie exploite plusieurs stations de dessalement, dont la station de dessalement des eaux de mer de Djerba est entrée en exploitation en mai 2018. Cette station de dessalement permet actuellement de répondre aux besoins en eau potable de l’île qui sont estimés à 40 000 m3/j en hiver et 75 000 m3 en été, selon les indications de la « Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux » (Sonede).

3 usines de dessalement sont actuellement en construction à Gabès, Sfax et Sousse, qui entreront en service fin 2024

Trois usines de dessalement d’eau de mer sont actuellement en construction à Gabès, Sfax et Sousse, qui entreront en service fin 2024. Des appels d’offres pour la construction de quatre autres stations à Tozeur, Kébili, Sidi Bouzid et Ben Guerdane seront lancés prochainement. Les capacités de production des stations de dessalement d’eau de mer en Tunisie varient généralement entre 50 000 m3 à 200 000 m3 par jour, selon les projets spécifiques.

Le gouvernement tunisien doit accélérer l’adoption du nouveau code de l’eau

Pour faire face à cette crise de l’eau, des voix se sont élevées, telles que le Ftdes, appelant le gouvernement à accélérer l’adoption du nouveau code de l’eau pour mieux gérer les ressources hydrauliques du pays et garantir un accès équitable à l’eau, en insistant sur le droit à l’eau comme un droit fondamental.

le coût cher de dessalement d’un m3 d’eau est estimé à 3,500 dinars

Le coût de la station de dessalement d’eau de mer en Tunisie varie en fonction des projets spécifiques. Le projet de station de dessalement à Sfax, financé par le Japon, a un coût de 780 millions de dinars tunisiens. D’autre part, le coût de dessalement d’un m3 d’eau est estimé à 3,500 dinars à Sfax, Sousse et Zarat à Gabès. Sachant que le tarif actuel de la Sonede pour les ménages a condition socio-économique modeste est à partir de 0,200 dinars / m3. Bref qui réglera la diffirence de prix ?

Une eau obtenue par dessalement est donc une eau chère et à fort impact environnemental

Une eau obtenue par dessalement est donc une eau chère et à fort impact environnemental : elle doit être produite après réflexion et utilisée avec parcimonie. Il faudrait donc réserver son usage à des besoins vitaux, comme l’eau potable des populations qui n’y ont pas accès.

Malgré ses promesses, le dessalement reste une solution coûteuse et énergivore

Malgré ses promesses, le dessalement reste une solution coûteuse et énergivore. Si des innovations comme le dessalement hybride ou la réutilisation de la saumure pour l’agriculture peuvent contribuer à limiter ses impacts, des progrès technologiques sont encore nécessaires pour en faire une alternative véritablement durable face à la crise de l’eau.

L’essentiel est de repenser notre consommation d’eau, en adoptant des habitudes plus responsables

Avec le changement climatique et la raréfaction de l’eau dans de nombreuses régions du monde, il est essentiel de repenser notre consommation. En adoptant des habitudes plus responsables, nous pouvons préserver cette ressource vitale pour les générations futures. Utilisons l’eau avec parcimonie, car chaque goutte compte.

En Tunisie Le dessalement de l’eau de mer représente à la fois un défi et une opportunité

Le dessalement de l’eau de mer représente à la fois un défi et une opportunité pour la Tunisie. En surmontant les obstacles techniques et financiers, le pays peut exploiter pleinement le potentiel de cette technologie pour garantir un approvisionnement en eau sûr et durable pour ses citoyens, tout en ouvrant la voie à un avenir plus résilient et prospère.

le Maroc dépasserait sa production de dessalement actuelle de 186,58 millions de m3/an à 1,4 milliard

En comparaison le Maroc ambitionne à augmenter la capacité actuelle de production de dessalement de l’eau de mer de 186,58 millions de mètres cubes par an à plus de 1,4 milliard de mètres cubes par an tout en faisant recours aux énergies renouvelables pour ne pas impacter l’environnement qui compte déjà les séquelles du changement climatique.

En conclusion quelle que soit la nature de l’eau utilisée pour produire de l’eau douce et potable en Tunisie, celle-ci doit être considérée avec beaucoup d’attention et de sobriété et la nature de ses usages repensée, au prisme des connaissances scientifiques, et des enjeux climatiques, économiques et sociétaux en associant les usagers de l’eau et les collectivités.

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