Tunisie : 20ème rang pour la sécheresse hydrique

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statistiquement sur 20 ans en pluviométrie : 3 années humides, 6 années moyennes et 11 années déficitaires

Selon les données publiées par l’Institut des ressources mondiales, la Tunisie est classée au 18ème rang mondial en termes de sécheresse et au 20ème rang pour la sécheresse hydrique. Ces données sont contenues dans un rapport sur “l’inflation climatique : défis et opportunités face au changement climatique“; rapport élaboré par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE).

défis majeurs dont : augmentation des températures, baisse des pluies, rareté de l’eau et sécheresse

La même source indique que la Tunisie est confrontée à des défis majeurs dont l’augmentation des températures, la baisse des pluies, la rareté de l’eau et la sécheresse. Au cours des trois dernières décennies, la température moyenne a augmenté d’environ 0,4 degré Celsius. Dans ce contexte, le secteur agricole est particulièrement touché par ces changements climatiques. En effet, il utilise environ 80 % des ressources en eau du pays. Cette situation représente un défi majeur dans un contexte de rareté des ressources en eau.

La température moyenne a augmentÉ d’environ 0,4 degré Celsius

Caractérisée par un climat aride à semi-aride au plus de 80% de son territoire et une pénurie croissante des ressources en eau, la Tunisie demeure particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique et figure au 34 ème rang selon l’Indice de Vulnérabilité Physique au Changement Climatique (IPVCC) 6 parmi 192 pays du monde (FERDI, 2019). En effet, le degré élevé de la vulnérabilité provient essentiellement de l’indice d’aridité.

particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique

Elle a connu sur la dernière décennie seulement, six années de sécheresse. Sur le plan sectoriel, les secteurs les plus vulnérables sont l’agriculture, avec un score de vulnérabilité élevé résultant de la faible capacité d’adaptation du secteur agricole, suivi par le secteur de l’eau, dont le taux élevé de prélèvement des ressources en eau douce et la faible capacité des barrages constituent les principaux facteurs de vulnérabilité (University of Notre Dame, 2023).

Les secteurs les plus vulnérables : agriculture, eau, faible capacité des barrages

La Tunisie est donc l’un des pays de la Méditerranée les moins pourvus en ressources hydrauliques. Le potentiel mobilisable est estimé à 4,6 milliards / m3, les ressources régularisables s’élèvent à 4,1 milliards / m3 et le taux actuel de mobilisation est de 74 %. Le volume actuellement disponible par habitant et par an est de 450 m3 contre 556 au Maroc, 776 en Syrie et 2 200 en Turquie.

Le potentiel mobilisable en eau est estimé à 4,6 milliards / m3

Le potentiel hydrique se caractérise surtout par une répartition géographique très déséquilibrée et par une forte variabilité inter-annuelle. La Tunisie du Nord concentre à elle seule 80 % des eaux de surface et 60 % des ressources globales. Les fluctuations de la pluviométrie entraînent par ailleurs des décalages annuels prononcés. Sur un module pluviométrique de 20 ans, il y a statistiquement, 3 années humides, 6 années moyennes et 11 années déficitaires. De ce fait, l’eau est devenue en Tunisie au cours des dernières décennies, un facteur décisif d’aménagement de l’espace et de développement économique et social.

Comme le climat est aride à semi-aride au plus de 80% de son territoire, donc une pénurie croissante des ressources en eau

La distorsion croissante entre un potentiel limité et une demande exponentielle, ainsi que l’inégale répartition spatiale des disponibilités expliquent le rôle fondamental des pouvoirs publics dans la « gestion de la rareté ». C’est notamment au niveau du « segment lourd » de l’aménagement, celui de la grande hydraulique, que l’action volontariste de l’État paraît la plus déterminante. Elle concerne à la fois la collecte, le stockage, le transfert et l’allocation intersectorielle et inter-régionale des ressources.

l’État est concerné par : la collecte, stockage,  transfert, allocation intersectorielle et inter-régionale des ressources hydriques

C’est également dans le contexte de cette planification centralisée des ressources en eau que s’inscrivent les rapports entre bassins versants et grands foyers de consommation dont le plus important est la Tunisie du Nord-Est. Les six gouvernorats (Tunis, Ariana, Ben Arous, Bizerte, Nabeul et Zaghouan) qui composent grosso modo cette région représentent 8,5 % de la superficie de la Tunisie, mais concentrent 45 % de la population urbaine, 49 % des emplois industriels, 36 % de la capacité touristique et 30 % des surfaces irrigables.

Les grands foyers de consommation eau sont Les 6 gouvernorats : Tunis, Ariana, Ben Arous, Bizerte, Nabeul et Zaghouan

La gestion centralisée de ces flux implique également l’arbitrage étatique, permettant de régler l’allocation inter-sectorielle et inter-régionale d’eau selon un référentiel de priorités qui privilégie en périodes critiques les secteurs à caractère stratégique (tourisme, eau potable, certaines cultures prioritaires, etc.). La mise en œuvre des grands systèmes de transfert est ainsi en voie d’engendrer une nouvelle recomposition des stratégies de l’eau, du niveau local au niveau national et une nouvelle « reconstruction » socioéconomique de l’espace hydrique.

référentiel de priorités hydriques qui privilégie en périodes critiques les secteurs à caractère stratégique : tourisme, eau potable, certaines cultures prioritaires, etc

Les recommandations pour répondre aux effets néfastes du changement climatique et améliorer la résilience de l’économie tunisienne à moyen et long terme. Ces recommandations issues des diverses stratégies élaborées en Tunisie 5 sont centrées sur quatre axes de politiques économiques :

stimuler les investissements dans le secteur hydraulique

* Il s’agit de stimuler les investissements dans le secteur hydraulique, dont notamment la construction des stations de dessalement et des stations d’épuration des eaux usées et la modernisation et l’entretien des infrastructures hydrauliques telles que les barrages, les canaux et les réseaux d’irrigation pour réduire les pertes d’eau. Les exploitants agricoles devraient adopter des techniques d’irrigation plus efficaces telles que le goutte-à-goutte, l’irrigation par aspersion ou l’irrigation de précision. Ces méthodes permettent une utilisation plus efficace de l’eau, réduisant les pertes par évaporation et ruissellement.

surmonter les défis liés au financement des projets d’investissement en rapport avec l’eau

* Pour surmonter les défis liés au financement des projets d’investissement et mobiliser les besoins de financement nécessaires pour la mise en œuvre des politiques d’adaptations, il est opportun de diversifier les sources de financement. Cela inclut le recours à des partenariats public-privé (PPP) afin de partager les risques et les coûts entre le secteur public et privé et à des marchés financiers internationaux. Cela peut impliquer la souscription d’obligations à caractère écologique (obligations vertes), le recours au marché carbone ou solliciter des financements auprès des institutions financières internationales établies dans le cadre de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), comme le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et le Fonds vert pour le climat (FVC), le Fonds spécial pour les changements climatiques (SCCF), le Fonds pour les pays les moins avancés (LDCF) et le Fonds d’adaptation (FA) . Le « Blended finance » qui associe le financement public concessionnel et le financement privé non concessionnel peut contribuer aussi à combler le gap de financement des politiques d’adaptation en Tunisie.

promotion de : l’innovation, recherche -développement,  technologie pour améliorer la production et autres

* La promotion de l’innovation, de la recherche et développement et de la technologie peut stimuler la productivité du travail et améliorer les processus de production, notamment dans le secteur de l’eau, telles que les turbines plus efficaces, les systèmes de stockage d’énergie hydraulique ou les techniques de gestion des ressources en eau. Technologies de gestion de l’eau : Utiliser des technologies telles que les capteurs de sol, les drones et les systèmes d’information géographique pour surveiller et gérer de manière plus efficace les ressources en eau permet une gestion plus efficace de l’irrigation et de la distribution de l’eau.

renforcement des capacités locales et la sensibilisation des : agriculteurs, entreprises, et ménages à l’importance de la gestion efficace de l’eau

* Le renforcement des capacités locales et la sensibilisation des agriculteurs, des entreprises et des ménages à l’importance de la gestion efficace de l’eau et leur formation sur les techniques d’irrigation efficaces et les pratiques agricoles durables peuvent jouer un rôle crucial dans l’amélioration de la productivité de l’eau. Il est important aussi de renforcer le système éducatif et d’offrir des programmes de formation professionnelle qui fournissent aux exploitants agricoles les compétences nécessaires pour réussir ces politiques d’adaptation.

des assurances contre les risques climatiques et environnementaux et autres

Enfin, pour que ces politiques réussissent, il est essentiel de mettre en place des mécanismes de gestion appropriés, tels que des assurances contre les risques climatiques et environnementaux, ainsi que des systèmes de tarification de l’eau qui reflètent fidèlement sa valeur économique et encouragent une utilisation plus efficiente. Ces systèmes pourraient comprendre des tarifs progressifs qui sanctionnent les utilisations excessives ou inefficaces de l’eau.

En l’absence de politiques d’adaptation, le changement climatique risque d’exacerber la situation économique

La mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation intégrée qui s’articule autour des différents axes comme mentionnés précédemment, permet à la fois d’améliorer significativement la productivité de l’eau, de pérenniser et développer l’activité agricole et de rehausser la productivité du travail au niveau macroéconomique. Ce processus peut stimuler la croissance économique à moyen et long terme et favoriser une trajectoire de développement durable pour la Tunisie.

les effets du changement climatique sont déjà perceptibles et seront significatifs à l’horizon 2050

En Tunisie, les effets du changement climatique sont déjà perceptibles et seront significatifs à l’horizon 2050. Ils constituent ainsi l’un des principaux défis auquel est exposé le pays en matière de développement. La hausse de la température, la baisse des précipitations et l’intensification de la fréquence et de la durée des événements extrêmes auraient des répercussions négatives sur les rendements des cultures et les ressources en eau et en sol, et ce en quantité et en qualité. L’ampleur et le coût des pertes économiques causées par ce phénomène seront très importants. En l’absence de politiques d’adaptation, le changement climatique risque d’exacerber la situation économique.

exigences des réductions significatives de l’élasticité de l’eau dans : la production agricole, industrielle et de services grâce à l’adoption de techniques de production économes en eau

Même avec les augmentations planifiées de l’approvisionnement en eau, la réalisation simultanée de la sécurité de l’eau et du développement économique exige des réductions significatives de l’élasticité de l’eau dans la production agricole, industrielle et de services grâce à l’adoption de techniques de production économes en eau.

L’eau est un facteur décisif d’aménagement de : l’espace et développement socio- économique

Les principales recommandations s’articulent autour du principe de la nécessité de concevoir et de mettre en œuvre une stratégie d’adaptation intégrée qui permet de réduire les contraintes structurelles au développement économique en général et au développement du secteur agricole en particulier, notamment l’accès au financement des exploitants agricoles sur le marché des crédits qui représente une contrainte majeure pour couvrir les besoins de financement nécessaires pour la mise en œuvre des politiques d’adaptation indispensables pour réduire les effets néfastes du changement climatique.

 

 

( Sources : Abdallah Cherif / Faculté des lettres de la Manouba, Tunisie & Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat GIEC )

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