Les Frères musulmans (FM) sont nés en 1928 en Egypte, fondée par Hassan Al-Banna. Son assassinat en 1949 marque un tournant, désormais les Frères optent pour la violence politique, et créent une branche armée secrète et clandestine. “Théoriquement sa doctrine est inscrite dans un processus stratégique partant d’abord et essentiellement de l’éducation de l’individu entre autres. Ensuite de l’individu, il faut former le foyer musulman, puis le peuple musulman, puis atteindre le gouvernement islamiste, puis rétablir le califat, puis reconquérir l’Occident puis atteindre le « Tamkine » planétaire, qui signifie la suprématie de l’islam “frériste” sur tous les autres islams et sur toutes les autres religions, et l’application de ses règles juridiques et lois pénales pour gérer les rapports à l’intérieur de la société et avec l’extérieur de ce califat. Ça paraît fou comme idéologie et projet politique, mais force est de constater que depuis 1928, cette vision globalisante demeure opérante et présente, non seulement en Egypte, mais partout ailleurs dans le monde, y compris en Tunisie” [1].
“Sachant que le « Tawtine » est exécutée par la construction de mosquées-cathédrales, d’acquisitions immobilières diverses et variées, de construction d’établissements scolaires privés,mais pas que. Car sans le « Tawtine », le projet « Tamkine » ne peut être mené efficacement. Si le Tawtine est l’objectif territorialiste d’une étape, le Tamkine est le but ultime pour que la loi d’Allah, telle qu’elle est comprise par les idéologues et oulémas des frères, domine l’Europe et l’annexe à l’Etat Islamique tant rêvé par les Frères. Ce grand projet consiste à déconstruire les bases de l’Etat moderne et laïque que les tunisiens ont mis sur pied après l’indépendance et construire à la place un Etat religieux qui prendrait la forme d’un “6éme Califat”, par exemple, comme l’avait annoncé pompeusement le secrétaire général d’Ennahdha, Hamadi Jebali, dans un meeting à Sousse avant même de prendre ses fonctions de chef du gouvernement. L’approche de la Confrérie, basée sur l’infiltration politique, diffère de celle de Daech, mais son objectif ultime est le même, elle s’inscrit à l’intérieur d’un réseau d’extrémisme” [1].
“Une constance dogmatique chez les fréres “khwanjias”: Le frère musulman, par définition, ne peut être que “jihadiste” en opération, ou “réserviste” caressant le rêve de faire le jihad armé un jour. Lorsqu’il est en stade de réserviste, il doit soutenir par tous les moyens ceux qui partent faire le jihad: par le soutien financier, par le soutien médiatique, par les prêches, par les invocations, etc. Pour Al Banna il considère que les « succursales » de la secte internationale des FM de par le monde, comme étant une base de réservistes, constituant une « 5éme colonne » en plusieurs facettes, ceci pour préparer et conquérir le pouvoir de l’intérieur, voire même par les armes s’il le faut, quand la manière douce et soft échoue. Donc sans le moindre doute aucun, que la matrice idéologique des khwanjias salafistes et jihadistes est la même. Et ce, nonobstant les quelques disparités et variances de langages constatées, par-ci ou par-là” [1].
“Sachant également que suite à plusieurs crimes terroristes commises récemment, les FM sont désormais classés comme organisation terroriste par plusieurs pays. Par exemple, l’Arabie Saoudite l’a fait en mars 2014. En novembre de la même année, c’est au tour des Emirats Arabes Unies de classer la mouvance et ses ramifications internationales, y compris “l’Union des organisations islamiques de France” (UOIF), sur sa liste. Le Premier ministre britannique David Cameron avait prévenu, suite à une enquête très fouillée, dans une lettre adressée le 17 décembre 2015 aux députés, que tout lien avec les Frères musulmans pourrait être considéré comme «un éventuel signe d’extrémisme». Il avait écrit: «Certaines sections des FM ont une relation ambiguë à l’extrémisme violent». Il est parti encore plus loin en affirmant qu’ «être membre, associé ou influencé par les Frères musulmans devrait être considéré comme un signe d’extrémisme». Depuis, il semblerait que les Frères en Grande-Bretagne sont mis sous surveillance.
En France le communiqué du Ministère de l’intérieur en février 2016 en rapport avec les FM lance un avertissement pour une «totale vigilance», «poursuites immédiates» et «sanctions appropriées» contre eux. La Jordanie vient d’interdire les FM en procédant à la fermeture de 7 de leurs locaux “ [1].
“Selon «l’Epître du jihad», écrite par Hassan Al-Banna dans son contenu il n’ya aucune différence avec la matrice idéologique jihadiste de toutes les organisations terroristes: Al-Qaïda, Al-Nosra, Daesh, etc. L’on y trouve, les mêmes textes violents, la même rhétorique jihadiste et les mêmes préconisations à recourir, par obligation religieuse, à l’usage des armes. La différence entre les Frères et les autres, c’est une différence de degré et non de nature. Il y a ceux, comme les groupes qui usent de la violence maintenant et ici. Les Frères les soutiennent, directement ou indirectement, et peuvent y recourir le moment venu.
Je rappelle que l’appel au jihad en Syrie a été lancé, depuis le Caire, le 13 juin 2013, par une coalition composée de Frères musulmans et de salafistes. Le président de l’Egypte à cette époque s’appelait Mohamed Morsi. Les frères actuellement à la tête de la confrérie à l’internationale comme ici en Tunisie font parti du courant de Sayyid Qotb, la référence de tous les jihadistes contemporains, qu’il soit frères ou pas” [1].
“Bien qu’Ennahdha s’en défende, ce parti est bel et bien la succursale tunisienne de la Confrérie internationale des frères musulmans, comme l’ont confirmé Gilles Kepel et Frédéric Brunnquell dans leur émission “Printemps arabes”. Et c’est d’ailleurs en cette qualité que ce parti, comme l’a indiqué Youssef Al- Qaradawi, a pu être parmi les heureux bénéficiaires des milliards de dollars qataris distribués pour essayer de transformer, à jamais, le Printemps arabe en Enfer islamiste, soumis à l’autorité du Qatar, où la Charia est Constitution et Codes. Ce secret de polichinelle est confirmé, aussi, par le fait que les photos de Rached Ghannouchi et des autres leaders, actuels et historiques, de la Confrérie des frères musulmans dont celle de Youssef Al- Qaradawi, agrémentaient les murs du hall du siège central de la Confrérie, au Caire” [2] .
“Qui plus est, Rached Ghannouchi (RG) le président en exercice d’Ennahdha, est membre de plusieurs organisations «fréristes» parmi lesquelles on peut citer les deux suivantes qui sont dirigées, toutes les deux, par… Youssef Al- Qaradawi : La première est «the European Council for Fatwa and Research (ECFR)» – qui fut fondée par trois mouvements «fréristes» européens, à savoir : l’allemand «Islamische Gemeinschaft in Deutschland (IGD)», le français l’ UOIF et l’anglais «the Muslim Association of Britain (MAB)» – et la deuxième est «the International Union of Muslim Scholars (IUMS)» . En outre «en tête de sa Biographie sur le site de l’IUMS, Ghannouchi est présenté, entre autres, comme membre de l’organisation internationale des Frères musulmans». Il jouit aussi de la nationalité soudanaise, doublée d’un passeport diplomatique soudanais, a toujours manifesté son admiration pour le travail effectué par ses «frères» de sa seconde patrie” [2].
“Le livre récent de R G, « Al-ouasatiyya 3inda Youssouf al-Qaradhaoui » (La voie du juste milieu chez Youssef al-Qardawi), où il présente avec une grande admiration, sans la moindre critique, les grand traits de l’idéologie de Qardawi, le gourou de la secte, banalisent totalement ses positions extrémistes et laissent sous-entendre une adhésion inconditionnée. “Au sein de notre parti il y a déjà trois courants principaux : celui qui s’inspire de l’idée fondatrice des Frères musulmans, un autre qui représente les courants de la Zitouna, un autre plus rationnel qui s’illustre dans le groupe des islamistes progressistes” [3].
Bref Ennahdha est un véritable panier à crabes, avec possibilité de dérives violentes voire même l’existence d’une branche armée souterraine, donc tout sauf un parti politique civile usuelle.
La quasi majorité des tunisiens sont révoltés de voir leur révolution confisquée, accusant la succursale locale des FM Ennahdha de placer dans le cadre du Tawtine ses membres réservistes par dizaines de milliers, à tous les échelons du pouvoir, et à tous les niveaux, ce qui représente le top de l’infiltration, voire même une sorte “d’Armée de réserve” facilement mobilisable pour entrer en action, voire même faire usage d’armes de guerre le moment voulu.
La contestation se cristallise également sur le front économique : les khwanjias n’ayant pas parvenus entre 2012-2013 ni à améliorer le quotidien des tunisiens ni à gommer les difficultés du pays. Sans oublier une gouvernance douteuse avec des dépenses contestées de plusieurs milliards de dinars,un audit est donc exigé pour se fixer. Conséquence beaucoup de concitoyens s’accordent qu’il n’y aura pas de réconciliation avec ceux dont les mains sont tachées de sang et qui ont tournés leurs armes contre l’Etat, les institutions et notre élite.
Sans oublier aussi le meurtre de Chokri Belaid, l’enquête traînante contre ses assassins, le refus de dissoudre les Ligues de protection de la révolution impliquées dans des actes de violence et de harcèlement, dont ceux du 9 avril, et l’abstention à signer des accords contre la propagation de la violence, la distribution de postes clefs à des membres d’Ennahdha non qualifiés, les tentatives de saper les libertés dans la constitution, les hautes pénalités pour de simples délits de conscience, la focalisation exclusive sur la religion et la négligence presque totale du lancement de l’économie, ne sont en fait pas des démarches qui constituent confiance. Et aussi au passage le laxisme envers “Ansar Chariaa” et Abou Iyadh, mais également les récentes révélations de l’implications de RG et d’autres hauts cadres d’Ennahdha par “Panama Papers”, qui renforcent le discrédit et le doute à l’encontre des khwanjias auprès des tunisiens.
Une chose est sûre, le projet islamiste des nahdhaouis et autres tendances, va vers la faillite en Tunisie parce qu’il n’y a pas de peuple prêt à le recevoir, ceci depuis les années 80, d’autant plus maintenant après leurs passage catastrophique au pouvoir pendant 2 ans. Par conséquent, Ennahdha n’a d’autre choix que de disparaître de la scène à plus ou moins brève échéance, pareil comme auparavant dans les autres pays. En concentrant vainement de si grands efforts pour s’implanter en Tunisie, les « Frères » se sont visiblement trompés d’adresse.
Sachant que le but suprême pour eux depuis toujours, c’est de séparer les gens en 2 catégories: musulman et mécréant. Les FM aujourd’hui rendent mécréant toute la population tunisienne, avec le “takfir” et autres rhétoriques voire même des menaces de mort. Au finale tous ceux qui ne sont pas avec eux sont mécréants. Et le mécréant pour eux son sang est licite, ses biens sont licites et son honneur est licite. Il n’a pas de sacralité.
Ce parti a cru avoir trouvé la solution pour remonter la pente, ceci en lançant comme slogan trompe l’œil pour crédules, lors de son 10ème congrès à venir, qui se tiendra du 20-22 mai 2016, celui de “Séparons entre la politique et la prédication”, en espérant que cette entourloupe le ferait passer pour un parti à statut civil.
En réalité il s’agit là d’un exemple caractéristique de l’application de la « Sainte Taqiya » version Ghannouchi, lui qui ne cesse de répondre, à chaque fois qu’il est critiqué pour son double langage, par l’adage arabe, devenu son leitmotiv utilisé comme alibi, qui dit : «À chaque instant son langage approprié» qui fait de lui un caméléon en puissance. Donc un conseil ne jamais leur faire confiance ni croire à leur paroles et actes.
Sachant aussi que les nahdhaouis sont loin d”être des démocrates, en général les fréristes peuvent faire semblant d’épouser la démocratie, mais que dans le cadre de leurs polyvalences caméléon, à coté du féodalisme, du salafisme et du totalitarisme. Ils croient à tort qu’ils ont la procuration de Dieu pour gouverner en son nom. Les frères réellement ne lâcheront jamais le pouvoir, car ils estiment que c’est un don de Dieu. Ils visent pas l’histoire mais sa fin, c’est des messianiques avec une utopie apocalyptique.
Les 800.000 nahdhaouis qui représentent donc une minorité de 10% de la masse des électeurs en age de voter en Tunisie qui sont de 8 millions, présentent donc un doute sérieux sur leur réel patriotisme et nationalisme, ceci pour la quasi majorité des tunisiens.
Conséquence dorénavant faut plus jamais qu’ils imposent à nous tous la majorité dans le pays, leurs doctrines salafistes obscurantistes rétrogrades de « 6éme Califat » et de « chariaa », et jamais plus d’islam politique chez nous jusqu’à la fin des temps . Quand à ce gourou local de Ghannouchi et autres islamistes de la place, oublier à jamais de nouveau la gouvernance du pays même à titre provisoire, le mal est déjà fait. Faute de quoi la dissolution via la justice est proche comme pour l’ex RCD , et ceci pour une multitudes de raisons en application du Décret-loi n° 2011-87 du 24 septembre 2011, portant organisation des partis politiques, et notamment en rapport avec les sanctions prévues dans son Art.28-30.
Au finale comme voie de sortie honorable et pacifique, ceci afin de rétablir la confiance perdue auprès des tunisiens, je demande avec insistance aux nahdhaouis de profiter de leur congrès du mois prochain, pour trancher dans le vif et auto-dissoudre ce douteux pseudo parti salafiste d’Ennahdha, et d’abandonner définitivement toutes activités politiques en Tunisie. Je considère que c’est l’ultime chance à saisir pour cohabiter en paix parmi nous. Il va de soit que ceux parmi eux qui ont commis des délits graves de mauvaises gouvernances , corruptions et malversations, voire des crimes, doivent rendre des comptes et payer via la justice de mon pays, donc pas de rédemption pour eux. Sachant que c’est valable pour tous les autres partis à connotations religieuses à dissoudre aussi.
Quoique j’anticipe pour dire que “khwanji pour un un jour c’est khwanji pour toujours”, c’est indélébile avec le temps, c’est comme la lèpre en pire, c’est inscrit dans l’ADN, y’a donc rien à faire pour que ça change pour eux avec le temps, comme tous les dogmes totalitaristes, bref c’est le coté obscure de mon beau pays, et il faut s’y faire avec. Mais par pragmatisme et surtout pour positiver, et comme je crois à la “mutation génétique” comme une science exact, je donnerai donc le préjugé favorable pour l’émergence d’une nouvelle frange de jeunes “islamistes modernistes” de la nouvelle génération, clean d’esprit et surtout porteurs d’amour pour la Patrie, mais avec un réel besoin de faire quand même de la politique en publique, de choisir son camp dans les partis de gauche centre ou droite de la place, et de s’y fondre, avec comme exigence essentielle de respecter la nette séparation entre la politique et la religion, c’est du moins mon espoir.
* Enseignant universitaire
** Liens sources :
[ 1 ] par Mohamed Louizi / “UOIF, Frères musulmans, salafisme : le dessous des cartes” . [ 2 ] par Salah HORCHANI / « Ennahdha est bien la succursale tunisienne de la Confrérie des frères musulmans » [ 3 ] par Lilia Blaise / « Ennahdha et les Frères musulmans, le mythe de la filiation ».
Ma publication de 2016 … et depuis j’attends toujours la dissolution de cette secte d’Ennahdha.