L’agence Moody’s a abaissé hier, de « B2 » à « B3 », la note de lA Tunisie, et a maintenu la perspective négative.
Et pour causes, Moody’s a annoncé que le déficit budgétaire de la Tunisie, s’est établi à 10,1% du PIB en 2020. Pour l’avenir, Moody’s s’attend à un déficit budgétaire de 7,7% du PIB cette année et de 6,2% en 2022. Principalement en raison, des réductions des dépenses axées sur la réforme des subventions énergétiques. Principale variable d’ajustement des dépenses à court terme.
Moody’s s’attend aussi à ce que le ratio dette/PIB augmente, pour atteindre près de 90% du PIB en 2021.
Selon l’agence, l’abaissement de la notation de la Tunisie, reflète l’affaiblissement de la gouvernance, face à l’augmentation des contraintes sociales. Qui entravent de plus en plus la flexibilité du gouvernement, pour mettre en œuvre l’ajustement budgétaire, et les réformes du secteur public. Qui permettraient de stabiliser, et finalement d’inverser une augmentation marquée, de la charge de la dette.
» L’assainissement budgétaire, et la réforme du secteur public, nécessiteront de parvenir à un accord avec les institutions de la société civile. Tant sur l’orientation que sur le mode spécifique de mise en œuvre des mesures. Ce qui risque d’être, au mieux, un processus de longue haleine « , explique l’agence.
La perspective négative, tient compte des risques liés à de nouveaux retards dans la négociation, et la mise en œuvre d’un programme du FMI. » De tels retards augmenteraient l’incertitude, quant à la capacité du gouvernement à garantir un accès continu, aux sources de financement extérieures officielles. Et à maintenir l’accès aux marchés internationaux des capitaux, à des conditions abordables. Afin de répondre aux besoins de financement élevés, au cours des prochaines années « , estime Moody’s.
Les plafonds par pays en monnaie locale de la Tunisie, ont été abaissés aussi de Ba2 à Ba3. L’écart de trois crans par rapport à la note souveraine, reflète des institutions et des actions gouvernementales relativement prévisibles. Altérées par une forte présence du secteur public, des contraintes de compétitivité externe, et un environnement politique et social difficile, qui entravent l’environnement des affaires.
Le plafond des devises étrangères a été aussi abaissé de B1 à B2. L’écart de deux crans, par rapport au plafond en monnaie locale, reflète les déséquilibres extérieurs persistants. Et la dépendance à l’égard des entrées de capitaux étrangers, qui augmentent l’exposition des entreprises, aux risques potentiels de transfert et de convertibilité.
Moody’s indique également que les déficits budgétaires élevés, et un calendrier de service de la dette plus onéreux. Avec des échéances de plus d’un milliard de dollars en 2021 et 2024, laissent entrevoir des besoins de financement bruts considérables. Bien que pas exceptionnellement importants, de l’ordre de 15 à 17% du PIB.
Bref un « Tableau noir », lourd de conséquences dès 2021, ceci pour financer déjà les 13 milliards dinars en devises, du budget de l’Etat.
Faute de réformes, et une nouvelle gouvernance efficace, dès 2021, s’attendre à une autre dégradation de la note de la Tunisie, qui serait probable dans les prochains mois, en « C », avec « Very high crédit risk ». Avec risque du « Scénario grec » qui nous guetterait, mais en pire.