Le Maroc a choisi l’investissement, par contre la Tunisie a choisi les emplois fictifs
En Tunisie, l’industrie des phosphates est essentiellement assurée par la « Compagnie des Phosphates de Gafsa » (CPG), pour la phase d’extraction et d’enrichissement de phosphate. Et par le « Groupe Chimique Tunisien » (GCT) pour la transformation et la valorisation de la majeure partie de cette production, soit environ 80%, en produits dérivés phosphatés (acide phosphorique et engrais minéraux).
Jadis fleuron de l’industrie tunisienne, la CPG, connaît un déclin qui semble inexorable depuis une dizaine d’années. En cause, des mouvements sociaux récurrents menés par une population locale, pour qui l’entreprise représente la seule planche de salut.
En 2010 avec 9.000 employés, une production de 8,3 millions Tonnes, qui représentaient 4 % du PIB. Et 10 % des exportations du pays, rangeaient la Tunisie au 5e rang mondial des producteurs de phosphate. Les bénéfices étaient de 825 MD en 2010.
Dix ans plus tard, 30.000 employés, une production moyenne de 3 millions de tonnes. Une contribution de 2 % au PIB, et un recul à la12e place mondiale, en disent plus long que tous les discours, sur la dérive de la CPG, fondée en 1897. Derrière les chiffres, la CPG raconte le drame d’une entreprise publique, gérée par un État frileux. En ce moment la CPG est en cessation de payement.
La malédiction du phosphate en Tunisie surtout depuis 2011.
Le comble, depuis septembre 2020, l’entreprise a annoncée devoir importer d’Algérie près de 40.000 tonnes de phosphate, faute d’une production suffisante à l’échelle nationale. Et aussi l’importation de 60 mille tonnes d’ammonitrate, estimée à 45 MD. D’autant plus que la CPG ne peut reconquérir ses marchés dans plus de 100 pays. Qu’à travers la reprise d’un rythme de production continu, et le rétablissement de la confiance de la clientèle. Ce qui est loin de l’être pour le moment, au contraire.
Comme le marché des phosphates a toujours une place de choix dans l’économie mondiale, malgré les fluctuations continues tant au niveau de la production, qu’au niveau des cours. Selon le « US Geological Survey », la production moyenne de phosphate dans le monde est de 220 M Tonnes (2014). La Chine et le Maroc produisent, seuls, près de 2/3 du volume mondial.
La Tunisie est passéE du stade d’exportateur de phosphate, à importateur 10 ans après !
A titre comparatif, la Tunisie a exportée en 2017, 0,8 M Tonnes phosphates brut et dérivés pour 1 milliard de dinars (330 millions USD). Alors que le Maroc a exportè pour 11 M Tonnes de phosphates brut et dérivés, pour 5,4 milliards USD.
Pour le Maroc ce résultat est du, aux nouvelles capacités de la plateforme chimique du « Groupe OCP », laquelle a été dotée fin mars 2017 d’une nouvelle unité de production. A noter que la plateforme industrielle de « Jorf Lasfar », est le plus important complexe d’engrais du monde. Prévision de production d’engrais de 12 M Tonnes par an. L’OCP détrônera ainsi l’Américain « Mosaic », et sera le leader mondial dans l’exportation d’engrais.
Le « Groupe marocain OCP », a également d’autres projets pour accroître sa production, et ses exportations. De 2018 à 2025, 6 nouvelles usines d’engrais verront le jour à « Jorf Lasfar ». Ainsi qu’un pipeline faisant la jonction entre les mines de « Benguerir » et le complexe chimique de « Safi ». Sur le continent africain, l’OCP va bâtir une usine d’engrais en Ethiopie, ainsi qu’une unité de blending (mélange) au Rwanda.
La CPG en quasi faillite en 2021
Le « Ministère du Développement et de la Coopération Internationale », projette de se lancer dans plusieurs projets d’investissement dans le secteur des mines. Dont essentiellement, celui d’extraction de transformation- exploitation de « Sra Ouertane », et « Nefta-Tozeur ». Et la rénovation par la SNCFT des voies ferrées entre Gafsa et Sfax, pour le transport des phosphates. Par ailleurs, l’extension de l’usine de production du triple superphosphate d’El Mdhilla, devra entrer en exploitation au plus vite, avec comme objectif la production de 900 mille tonnes.
Bref la Tunisie devra comme le Maroc, soit investir lourdement pour augmenter sa production, et ses exportations pour garantir une rentabilité conséquente, ou alors « fermer boutique ». Ceci pour mettre fin à ce gouffre financier du CPG, et à ses dizaines de milliers d’emplois fictifs, pour soit disant s’acheter une paix sociale faussée d’office.
Mais pas que, faut aussi mettre le système de gouvernance de la CPG, et ses filiales au diapason des grandes tendances actuelles, en matière de gouvernance des entreprises publiques. Également tenir compte de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE). Elle est devenue indispensable pour garantir la compétitivité de l’entité, et assurer sa rentabilité aussi bien au niveau économique, sociale et environnemental. Ceci vu l’impact considérable de ces activités minières surtout à ciel ouvert, sur l’environnement et les conditions de vie et d’hygiène de la population avoisinant les sites miniers.
Wait and see.
Mon essai d’avril 2021… Bref la Tunisie devra comme le Maroc … soit investir lourdement pour augmenter sa production … et ses exportations pour garantir une rentabilité conséquente … ou alors « fermer boutique » … Ceci pour mettre fin à ce gouffre financier du CPG, et à ses dizaines de milliers d’emplois fictifs … pour soit disant s’acheter une paix sociale faussée d’office.